vendredi 18 janvier 2008

Chantal, Céline, Laurent, Marie-Thérése, Marc et Josette

Lundi, début d'un nouveau stage.

Ce stage aura son cortège de Chantal, Céline, Laurent, Marie-Thérése, Marc et Josette...

Chantal, la cinquantaine, énergique, un peu maman sur les bords, prête à t'expliquer comment on fait ça et ça, qui a toujours l'air en forme (surtout le matin), qui pendant la pose te raconte sa vie, ses gosses, pas son homme souvent elle en a plus, ses études d'infirmière au milieu des années 70, qui est aussi stressé que toi pour ta MSP (mise en situation professionnelle - une infirmière et un formateur viennent évaluer les capacités de l'étudiant, compte tenu du stade de formation auquel il est parvenu)...

Céline, la petite trentaine, elle vient juste d'être maman ou essai de l'être, diplômé depuis moins de 5 ans, un peu "sévère" avec les étudiants, elle aime expliquer et évaluer mais au bout de 3 fois si t'as pas compris elle te laisse planté là jusqu'à la fin de ton stage, tu l'as trouve sympa mais tu la redoutes en même temps, elle aime faire passer des MSP, elle dit qu'elle ne restera plus longtemps dans ce service parce qu'elle a besoin de voir autre chose, pendant la pose déjeuner elle aime lire des magazines pour fille, colporter des ragots en s'enduisant de crème hydratante les mains et les pieds...

Laurent, c'est l'homme sans âge, il peut te paraître 45 ans et 30 ans dix minutes plus tard, son truc à lui c'est les mecs, il aime l'ordre si par malheur tu ne remets pas la bouteille de Betadine à gauche du placard et 5 cm devant celle de Dakin malheur à toi, il a commencé comme aide-soignant puis poussé par les infirmières et certains médecins il a repris ses études, il te montre les photos de son dernier voyage à Saint-Petersbourg et te parle en long en large et en travers du musée de l'hermitage, il est beaucoup aimé des patients pour la bonne humeur qu'il transmet en entrant dans une chambre...

Marie-Thérése, pas encore cinquante ans, elle rigole sans cesse, elle est rigoureuse sur l'hygiène, ne pense plus qu'à ses prochaines vacances chez elle dans les îles, te parle de la maison qu'elle veut acheter pour sa retraite chez elle parce qu'en métropole "ça va pas la tête comme il fait froid même si je suis là depuis 20 ans", elle ramène au moins une fois par semaine une spécialité de chez elle et si le plat n'est pas vide à la fin du repas tout le monde est obligé d'en reprendre, tu sais que ta journée sera bonne si elle travaille avec toi...

Marc, 35/40 ans, papa d'une petite Maya et d'un petit Jules, il arrive dans le vestiaire tout de cuir vêtu son casque de moto à la main, sa femme travaille dans un autre service au 4 ème étages il lui téléphone au moins 2 fois dans la journée, il aime que tu lui parles de ton ancien métier de photographe et des missions humanitaires que tu faisais, il aime taquiner les ASH (agent de service hospitalier - les dames qui distribuent les repas, font le ménage et a qui beaucoup de patient font des confidences) en cachant leurs chariots de ménage, c'est lui qui t'apprend à brancarder un lit parce qu'il faut vraiment un permis pour ça...

Et enfin il y a Josette, la cinquantaine bien tapée, plus qu'un an et c'est la retraite, elle est dans le même service depuis 25 ans, elle n'aime pas l'ensemble chemise sans manches/pantalon alors elle continu de garder sa blouse parce qu'une infirmière ça doit être en blouse, même le dos tourné elle a vu que ton plis n'était pas bon pour piquer ton Lovenox, elle aime lorsque ceux sont des étudiants et non des étudiantes "bah oui ça change un peu les mâles", elle te prend toujours sur le fait lorsque c'est impossible de dire non pour te faire faire ta première prise de sang, ta première pose de sonde urinaire ou quoi que ce soit d'autre, pendant la pose déjeuner elle prend la télécommande de la télé et choisi le programme pour tout le monde...

Redoutés ou aimés, les soignants croisés pendant les stages me laisseront des souvenirs pour encore bien longtemps...

mardi 15 janvier 2008

Le poulailler ou la basse-cour ?

Poulailler. Nom masculin. Un poulailler est un bâtiment d'élevage de volaille, en particulier de poules, de taille modeste. Le terme peut désigner également l'enclos d'élevage.

Basse-cour. Nom féminin. Au sens propre et agricole, le terme basse-cour désigne l'élevage de petits animaux (poule, lapin, canard, ...) dans la cour attenante à une habitation à la campagne.

Poulailler / basse cour. Nom neutre. Au sens figuré et ifsien, un poulailler/basse cour est une pièce de taille normale dans laquelle se tient un cours et où ricaner, discuter, cancaner est l'endroit le mieux approprier, pour un certains nombre de poules.

Je me rend chaque matin lorsque je ne suis pas en stage, dans un poulailler.

Cela commence à devenir insupportable, si le cours est fait par un formateur de l'IFSI (cadre infirmier qui a choisi de donner cours et ne plus être en service "actif"), nous sommes mes collègues et moi dans une salle de classe. Mais si c'est un intervenant (médecin, infirmier, psy...), cette salle si silencieuse 20 minutes avant, se transforme en une vulgaire et simple basse cour !

Les 10 premières minutes sont relativement calme, puis PIA PIA PIA ça commence, "attention mesdames et messieurs, dans un instant, ça va commencer" et blabla d'un coté et piapia de l'autre, mais de quoi peuvent-elles (et non pas ils, les ils, eux sont calmes) bien parler pendant tant de temps?

Je suis une grande bavarde, je parle de tout et de rien, mais lorsque je suis assise sur ma chaise dans cette salle, je suis là pour écouter et apprendre et non pas raconter mon week-end sexuel à mes voisines.

Des personnes comme moi sont au bout d'un moment quelque peu excédé et vient alors le cortège de chut, chuuuuuuut, chuuuuuuuutttttteeeeeeeeee. Ça se calme plus ou moins, tout dépend du niveau de sexe du week-end...

Vous allez me dire, personne ne finit par en parler, de ce problème récurant?

Et bien non, personne n'en parle ouvertement, tout le monde se tait ou en parle dans son coin, mais jamais la promo en entier.

Tout simplement parce que ceux qui piaillent sont les "madame-proutprout-je-me-montre"de la classe et de ce fait la loi du silence règne sur cette promo, beaucoup trop craignent vampirella.

Vampirella, c'est la fille bien propre sur elle, la petite mèche bien derrière l'oreille, le petit col de chemise bien blanc, elle copine avec tout le monde mais n'aime personne et parle tout bas aux formateurs, parce que c'est une petite fifille sage qui doit montrer qu'elle est timide, qui se transforme lors de soirées infirmière (cela fera parti d'un prochain sujet), en fille à décolleté outrageux, la crinière lâchée, la clope au bec, un coca-whisky (juste pour dire j'ai mis un peu de coca) dans chaque mains et à vomir sur le trottoir tellement elle est pleine en fin de soirée.

Mais je m'égare, elle ne devait pas faire partie du post de ce jour, mais un autre surement...

dimanche 13 janvier 2008

Elle a bien dormi ?

J'ai découvert le milieu hospitalier bien avant mon entrée à l'IFSI, très précisément à l'âge de 4 ans et plutôt régulièrement jusque 19 ans, j'y ai donc vécu des choses que j'essaie de ne jamais faire vivre à un patient.

Pourquoi laisser un patient nu sur son lit sans que ça ne dérange personne ?
Que ce soit un enfant ou un adulte, c'est la même chose.
Le cortège de blouse blanche arrive dans la chambre (sans frapper), petite présentation aux 15 yeux qui vous regardent : voici Luna âge X, elle vient pour trucite aigu.
Et là d'un coup sec le drap est au pied du lit et vous parce que vous êtes branché de partout on vous a laissé nu sous les draps, vous vous retrouvez à poil, vous toussez un peu histoire qu'ils comprennent que bon là c'est bon on est peut être pas obligé d'être aussi intime, hein...
Et voilà pendant les cinq minutes de la visite votre corps va être un objet que l'on regarde, sans se rappeler que ce corps là est nu et que c'est vraiment mais alors vraiment gênant (et je n'ai pas encore fait un sujet sur la toilette).

Pourquoi parler à un patient à la troisième personne ?
Elle a bien dormi ce matin ? (si bien dormir par tranches de 2h c'est bien dormir -parce que toutes les 2h vous ouvrez la porte voir si elle dort bien- alors elle va dire que oui) Elle a des gaz ? (c'est quoi d'abord des gaz pour un enfant de 4 ans ?) Elle a pas faim aujourd'hui ? (bah si mais sur la fiche j'avais noté que j'aimais pas le foie et c'est du foie donc...) Elle a fait sa toilette ce matin ? (que je te dise oui ou que je te dise non c'est pareil il manque de personnel dans le service donc de toute façon je ne serais pas lavé donc oui je suis lavée)
Les patients ont un nom et même un prénom, habituellement (dans la vraie vie) on leur parle à la deuxième personne du singulier ou du pluriel, alors pourquoi passer les portes de l'hôpital ce n'est plus le cas?

Depuis mon tout premier stage, j'essaie de faire tout mon possible pour ne pas faire vivre cela à un patient, remettre le drap que le médecin ne remet JAMAIS (ou si rarement). Parler à mon patient en le regardant, en l'appelant par son nom et en le vouvoyant. Toquer avant d'entrer même si je suis sortie de cette même chambre 1 minute avant parce que j'avais oublié quelque chose. Expliquer à un patient ce que je vais lui faire ou ce que je suis en train de lui poser comme perfusion et pas juste dire : c'est du Perfalgan, mais expliquer ce que c'est tout le monde n'a pas un Vidal sous le bras.
Je ne changerai pas la face du monde hospitalier, mais j'essaie juste d'y mettre un peu du mien.

T'es en quelle année ?

Premier jour de stage :
Et avant tu faisais quoi ?
T'habites où ?
T'es en quelle année ?
T'as quel âge ?
Tu sais faire ça ?

Deuxième jour de stage :
Et avant tu faisais quoi ?
T'habites où ?
T'es en quelle année ?
T'as quel âge ?

Troisieme jour de stage :
Et avant tu faisais quoi ?
T'habites où ?
T'es en quelle année ?
T'as quel âge ?

Une pancarte avec notre C.V. autour du cou, ce serait pas mal.
A chaque changement d'équipe, c'est la même chose, lundi matin une équipe, mardi matin nouvelle équipe, mercredi matin même équipe mais il y a une nouvelle alors ça recommence...

J'aime parler de ce que j'ai fais avant d'arriver à l'IFSI (Institut de Formation en Soins Infirmiers), mais à chaque nouveau stage c'est la même chose et ça pendant à peu près une semaine. Bon maintenant au moins, ma vie je la connais par coeur.

La seule question intéressante ici c'est : tu sais faire ça ? et oui la seule vraie c'est celle-ci et malheureusement elle n'est souvent posée que le premier jour si l'équipe constate que vous savez vous débrouiller... Alors il faut savoir dire, ça je sais le faire, mais je veux bien être encadré, ou alors, ce que vous me proposez me parait hautement intéressant, mais je ne l'ai jamais fait et là vous avez droit à la réponse qui vous scotch sur place hein après autant de stage t'as jamais fait ça !!?!! Bas ouais et c'est pour ça que sur votre tenue il y a inscrit infirmier(e) et sur la mienne étudiante infirmière...

Tout cela bien entendu n'est pas (merci mon dieu) une généralité, mais...